9 juin 2019

Ensevelie sous les livres — Mes lectures du mois (mai 2019)

  Autant le poser tout de suite : je n'ai jamais autant lu sur un mois de toute ma vie ! même lorsque j'étais en études de Lettres Modernes... Le besoin de m'évader était grand et mes lectures se reflètent un peu là-dedans... avec une pointe de férocité, due à la situation particulière de ces dernières semaines.


  Ainsi, je vous annonce quinze bouquins en présentation ! Ah oui, je ne vous avais pas menti.

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  Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, Stefan Zweig, Editions Le Livre de Poche, 2019 — 😵

  Il y a beaucoup de livres, alors on va faire simple : une jeunesse prometteuse, un destin tragique, des vies brisées par l'Amour et la Folie. Je ne pouvais qu'adorer.

  "Femme, réveille-toi !" Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Olympe de Gouges, coll. Folio 2€, Editions Gallimard, 2018 — 💪

  Un peu une base pour tout ce qui est féminisme, il me fallait le lire un jour où l'autre et j'ai trouvé cette lecture intéressante, elle m'aura donné envie d'en découvrir davantage sur cette femme. Plusieurs textes nous sont présentés et, ne la connaissant absolument pas, j'ai été surprise de découvrir qu'elle avait également des positions d'avant-garde sur le traitement des Noirs.

  Ni vues ni connues, Panthéon, Histoire, mémoire : où sont les femmes ?, Collectif Georgette Sand, coll. Hugo Doc, Les Simone, Editions Hugo Publishing / Pocket, 2019 — 😎

  Un ouvrage évidemment intéressant pour découvrir (ou redécouvrir) des femmes qui auraient marqué l'Histoire... si seulement on leur avait fait de la place ! Il traite de sujets malheureusement toujours d'actualité (certaines biographie ne datant que du siècle dernier et certaines femmes étant toujours en vie !) à savoir : l'invisibilisation ou encore le plafond de verre.
  Alors, oui, c'est un collectif féministe plutôt très actif qui en est à l'origine alors certaines tournures de phrases ne sont absolument pas neutres (personnellement, cela ne m'a pas dérangé, alors même que je ne partage pas toutes les idées de Georgette Sand, rien que ce nom représentant un non-sens total à mes yeux). Par contre, était-il nécessaire de ramener la fraise de Beyoncé autant de fois au fil des pages !?? Je ne trouve pas cet exemple toujours pertinent et ce n'est pas une figure féministe que j'aurais envie de suivre... ce qui ne tiens qu'à moi.
  En tout cas, je vous le recommande vivement. Le petit plus : d'autres femmes en lien avec les biographies sélectionnées nous sont proposées afin d'élargir un sujet, une thématique, un champ similaire et j'ai trouvé ça super pour en découvrir davantage.

  Un Hivernage dans les glaces, Jules Verne, coll. Librio Littérature, Editions J'ai Lu, 2016 — 🤠

  Une petite nouvelle d'aventure qui aura su m'embarquer de bout en bout ! Les personnages sont nombreux, certes, mais on s'y retrouve et Marie m'a bien plu avec sa force de caractère, pour l'époque. Je ne peux pas entrer davantage dans les détails pour ne pas vous gâcher la lecture, mais sachez qu'il y a des retournements de situation, de l'action et que vous allez passer un bon moment.

  Le Dernier chant d'Orphée, Robert Silverberg, coll. Hélios, Editions ActuSF, 2019 — 

  Les mythes me parlent toujours et j'aime bien m'y plonger de temps à autres. Ainsi, j'ai jeté mon dévolu sur cette écriture contemporaine du mythe d'Orphée qui était intéressante en insistant sur la valeur non-absolue du Temps et l'universalité des croyances humaines. Je pense qu'il peut s'agir d'une bonne approche des œuvres de l'Antiquité, puisque plus digeste, étant moins emplie de noms qui ne parlent pas forcément au néophyte qui ne saurait pas à quoi ils renvoient où quelles passerelles existent entre ces divers protagonistes et les actions dépeintes. Là, l'auteur nous accompagne tout de même relativement bien, en faisant une lecture tout à fait accessible.

  Eloge de la folie, Erasme, Editions Garnier Flammarion, 2016 — 🙉

  Le style risque de sembler désuet pour beaucoup, mais cette lecture fait un bien fou ! Elle permet de remettre l'église au centre du village et de souffler un bon coup sur les absurdités qui nous entoure, si nous dépassons les lignes. Ca tombait à pic pour ce que je traversais, tant ce texte reste d'actualité malgré les siècles écoulés.

  Polaris et autres nouvelles, Lovecraft, coll. Librio Imaginaire, Editions J'ai Lu, 2012 — 

  Je n'avais encore jamais rien lu de Lovecraft et, comme souvent, j'aime à commencer par des lectures de nouvelles. Ce qui en est ressorti : j'ai beaucoup plus apprécié les atmosphères et environnements dépeints que le fonds des histoires proposées. Je pense toutefois m'essayer à un écrit plus long, peut-être l'histoire pourra-t-elle davantage me captiver, puisque j'ai eu par deux fois une sensation de trop peu, avec "Polaris" mais surtout avec "Le Témoignage de Randolph Carter" que j'ai apprécié (mention également pour "Les Autres Dieux"). Ainsi, on aurait dit comme l'ébauche à plein d'aventures possibles dans des univers divers, mais rien de très abouti, à mon goût.

  Et si les chats disparaissaient du monde..., Genki Kawamura, Editions Fleuve / Pocket, 2018 — 😍

  Je vais y aller tout de go : je n'ai jamais autant pleuré en lisant quelque chose de ma vie. Voilà, merci, bonsoir.
  Le protagoniste est tout à fait attachant (et pas simplement parce qu'on sait qu'il va mourir, mais parce qu'il est profondément humain, avec ses qualités, ses défauts et tout le toutim) mais pas seulement ! Tous les personnages présents sont délicieux. L'humour est percutant, les situations peuvent raisonner en chacun et les disparitions opérées nous font tout à fait prendre conscience du confort dans lequel on vit et à quel point on peut compter dessus, ce que ça peut faire comme différence. Ainsi, j'ai pu ré-apprécier ma chance d'être dans une époque si facile pour beaucoup de choses, me rendant davantage compte que nos problèmes, nous nous les créons souvent bêtement.
  Un petit roman qui se dévore, véritable coup de cœur que je conseille à tous.

  Olympe de Gouges et autres femmes "révolutionnaires" en un clin d'œil !, Marie-Dominique Porée, coll. Petit Livre de Culture Générale, Editions First, 2019 — 💁‍♀️

  Suite à ma lecture de "Femme, réveille-toi !" Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, j'ai eu envie d'en apprendre davantage sur cette femme et d'autres du même ordre, sans pour autant me lancer de suite dans une biographie. Grâce à ce petit livre bien fait, ce fut possible. Agréable à lire, il est une bonne entrée en matière sur une thématique et je pense à en découvrir d'autres de la même collection.

  La Sorcière rousse, précédé de La Coupe de cristal taillé, F. Scott Fitzgerald, coll. Folio 2€, Editions Gallimard, 2018 — 💖

  Idem que pour Zweig, je ne vais pas m'étendre : c'est du Fitzgerald, j'aime Fitzgerald, j'aime la folie, le mystère, le fantastique, les déchirures en littérature donc c'était parfait. Magnétique et envoûtant.

  Petit éloge des séries télé, Martin Winckler, coll. Folio 2€, Editions Gallimard, 2015 — 😐

   La seule raison qui a fait que j'ai été mitigée à la lecture de ce petit éloge, c'est que je ne connaissais pas ou ne partageais pas l'amour subjectif des séries préférées de l'auteur... Ainsi, je l'ai trouvé un peu excluant et ne je ne le recommanderais pas spécialement. Ca s'est lu rapidement, le style n'était pas désagréable, mais je n'en ai pas gardé grand chose...

  Beauté fatale, Les nouveaux visages d'une aliénation féminine, Mona Chollet, coll. La Découverte / Poche, Editions La Découverte, 2015 — 😡

  On me l'avait recommandé lorsque j'étais plongée dans la lecture de son essai sur la figure de la sorcière, j'ai pu lire celui sur les injonctions liés à la beauté des femmes. Toujours intéressant, bien que moins neuf à mes yeux, ayant déjà travaillé sur le sujet au lycée ou dans des recherches universitaires. Le ton y est libre, volontiers ironique voir sarcastique et je pense ainsi qu'il ferait du bien à qui aurait besoin d'un coup de boost pour s'affranchir desdites injonctions.

  Les Furtifs, Alain Damasio, Editions La Volte, 2019 — 🤔

  Autant j'ai apprécié le fond, avec la société dépeinte, les animaux invisibles qu'on essaie de débusquer, de comprendre, d'étudier etc., autant j'ai eu beaucoup de mal avec la forme. Je comprends évidemment tout son intérêt stylistique et intrinsèque à l'œuvre, mais je suis beaucoup trop psychorigide avec la syntaxe pour l'apprécier (voilà pourquoi je n'ai jamais pu terminer les Calligrammes d'Apollinaire). Ainsi, il s'agit d'une lecture exigeante, nécessitant une concentration certaine, surtout par les très très (trop ?) nombreux jeux avec la langue, ses assonances, consonances, allitérations, anagrammes... c'est parfois trop envahissant et sans grand sens, à la limite de la branlette intellectuelle. Enfin, j'ai eu beaucoup de mal avec les trois-quarts des personnages, ne me sentant absolument pas proche d'eux, particulièrement des parents qui s'expriment comme des débiles lorsqu'il s'agit de leur fille — déjà que je ne supporte pas les enfants, mais alors leur phrasé me fatigue à un point... ce qui est pire lorsque des parents entrent dans ce jeu débilisant, plutôt que de vouloir remonter le niveau en montrant l'exemple, puisque ces mômes sont en apprentissage. Bref, les relations présentées ne me semblent pas spécialement crédibles, idéalisées (enfin, pour qui ?) et même presque contre la nature d'un personnage en particulier qui, à la fin de livre se retrouve dans un improbable couple avec une improbable situation alors que je ne me le figurait absolument pas comme ça, tout tendant à une liberté totale... un non-sens que je n'ai ni compris, ni apprécié, tout à fait artificiel.
  Je pense que vous l'aurez saisi : je ne vous recommande pas spécialement ce livre, le fond n'arrivant pas à couvrir la forme (avis totalement subjectif, j'en conviens) ou masquer des défauts de caractères de personnages principaux tout à fait agaçants.
  Le livre présente également une partie musicale, en collaboration avec Yan Péchin : Entrer dans la couleur.
  Forcément, je n'ai pas été touchée par tous les textes, puisque tirés du livre et certaines dictions n'ayant pas trouvé de résonance (je ne peux toutefois rien y redire, l'auteur interprétant lui-même ses écrits... c'est qu'il fallait donc les lire ainsi, étrangement). Côté composition musicale, je comprends ce qui a voulu être transfiguré et, même si je n'ai pas été sensible à toutes ces propositions, l'ensemble reste cohérent, avec des sons continus, qui raisonnent, sont chancelants, toujours en mutation.

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  Cela fait ainsi deux articles que je ne veux pas vous donner mon avis sur cette trilogie, ayant voulu attendre de la terminer. C'est maintenant chose faite, et j'ai adoré !
  Le concept de base est déjà intéressant en soi : des humains dont la vie est théoriquement illimitée grâce une technologie de stockage pouvant être implantée et réimplantée dans de nouvelles enveloppes corporelles (synthétiques ou non). Mais je ne vais pas tout reprendre, je vous redirige vers la vidéo du Nexus VI qui en a fait une critique conjointe à la série Netflix (essentiellement sur le premier tome, donc).
  Mais ce que j'ai préféré, outre l'Univers gigantesque qui nous est esquissé — au travers de nombreuses planètes aux Histoires tumultueuses, avec des problématiques de colonisation, d'insurrections, de politiques douteuses, de mafias, de recherches militaires, de pauvreté, d'élitisme et j'en passe et des meilleurs —, ce sont les personnages, le protagoniste principal, Takeshi Kovacs en tête. Si nous sommes transportés dans des histoires, des intrigues mettant en scène des personnes surentraînées, à l'enveloppe améliorée etc., elles n'en reste pas moins humaines, avec leurs forces mais surtout leurs faiblesses et c'était tout à fait intéressant d'avoir ce petit côté psychologique présent au fil de la lecture, afin de pouvoir tout de même s'identifier un minimum aux personnages et se projeter dans les situations dépeintes. La toute-puissance n'existe pas, peu importe le camp et c'est ce qui nous tient en haleine.
  Enfin, le fait d'avoir injecté à cet univers une culture ancienne apparemment disparue et tout à fait énigmatique, celle de ceux que les Humains ont appelé "Martiens" est bienvenu, l'enrichissant tout en montrant que malgré nos avancées technologiques, nous sommes tout de même à la traîne et pas tant les maîtres des mondes connus que ça. — Toutefois, l'Homme reste quand même bien seul... et ma curiosité quant à ces Martiens reste grande, j'aurais souhaité en découvrir davantage, à l'image d'un tome deux qui nous en a dit plus long.
  Ceci étant posé, passons à chacun des romans brièvement.


  Carbone modifié, Richard Morgan, coll. Bragelonne SF, Editions Bragelonne, 2018

  Je ne vais pas trop m'appesantir sur ce premier tome, puisque je vous ai laissé un lien qui en parle déjà. Pour mon avis personnel, l'ayant lu après avoir visionné la série Netflix du même nom, je n'ai pas été déçue mais il est vrai que ça m'a demandé plus d'effort d'immersion. Par contre, Ortega m'a plus agacée que dans la série, là où les autres personnages féminins ne m'ont posé aucun problème au fil de la trilogie.


  Anges déchus, Richard Morgan, coll. Bragelonne SF, Editions Bragelonne, 2018 — 🛸

  Comme je l'ai rapidement esquissé plus haut, dans ce tome, nous sommes confronté à la civilisation martienne... jusque dans l'espace ! Un changement radical de situation par rapport au premier opus. J'ai toutefois eu une petite sensation de trop peu, non de déception mais de réel trop peu tant la civilisation approchée m'a intéressé... Une petite frustration nécessaire, puisque même les archéologues patauges en eaux troubles et beaucoup leur reste mystérieux.

  Furies déchaînées, Richard Morgan, coll. Bragelonne SF, Editions Bragelonne, 2018 — 😏

  Des trois romans, je pense que celui-ci est mon préféré : beaucoup de personnages et de multiples intrigues, le tout rondement mené. Une profusion qui n'est nullement étouffante et, comme pour les précédents tomes, chaque protagoniste a une personnalité propre, il n'y a pas d'effet doublon, pas de caricatures inutiles et tout le monde est profondément humain, au fond, comme j'ai pu le détailler plus haut.
  Ici, il fut intéressant de constater les troubles liés à de nombreux réenveloppement : changement d'état d'esprit, dissolution de liens avec des Autres qui nous furent proches, perte de repères, questionnements, paranoïa etc.
  J'ai également trouvé que des trois, il était le plus romantique, ce qui m'a particulièrement parlé.

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  Dojoji, Yukio Mishima, coll. Folio 2€, Editions Gallimard, 2017 — 😲

  Une jolie découverte. Cela fait un certain temps que je suis Antastesia sur les réseaux (je vous mets en lien son compte IG sur lequel elle est plutôt active) et elle parle fréquemment de littérature étrangère, notamment japonaise et notamment de Mishima. Comme dit plus haut, j'aime à découvrir un auteur via un recueil de ses nouvelles, s'il en existe et c'est ce que j'ai ainsi fait.
  Certaines touchantes par la pureté et l'absolu des sentiments, d'autres drôles, énigmatiques, toutes m'ont beaucoup plu, la fluidité de l'écriture les rendant accessibles à tous sans difficulté, même si, je tiens à le préciser, il faut faire un petit effort pour voir la poésie qu'il s'en dégage — j'entends par là que si vous n'êtes exclusivement qu'un lecteur passif, vous pouvez passer à côté de quelque chose de magique.

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    Encore dans ma PAL :
  • La Saga des quatre éléments, Tome 1 : Les Messagers des vents, Clélie Avit, coll. Le Livre de Poche, Editions du Masque, 2017
  • L'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, Cervantes, coll. Folio Classique, Editions Gallimard, 2008
  • King Kong Théorie, Virginie Despentes, coll. Le Livre de Poche, Editions Grasset, 2019
  • Le Maître du haut château, Philip K. Dick, Editions J'ai Lu, 2013
  • Les Carnets du sous-sol, Dostoïevski, coll. Babel, Editions Actes Sud, 1993
  • Idées reçues sur les grandes découvertes, Jean-Paul Duviols, Xavier de Castro, coll. Magellane poche, Editions Chandeigne, 2019
  • Bad Feminist, Roxane Gay, coll. Points Documents, Editions Points, 2019
  • Phare 23, Hugh Howey, coll. Le Livre de Poche, Editions Actes Sud, 2019
  • Le Mythe de la Grèce blanche, Histoire d'un rêve occidental, Philippe Jockey, coll. Alpha, Editions Belin, 2015
  • Les Enfants d'Athéna, Idées athéniennes sur la citoyenneté et la division des sexes, Nicole Loraux, coll. Essais, Editions Points, 2007
  • La Civilisation des odeurs, Robert Muchembled, coll. Texto, Editions Tallandier, 2019
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        Comme vous l'avez constaté : je n'ai pas chômé ! Les mois suivants devraient être plus calmes en lectures, de gros morceaux m'attendant sagement dans ma pile à lire... mais je ne doute pas de l'intérêt de ces lectures !

      —xoxo

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