20 novembre 2018

Faut-il être spécialiste ? — Mes lectures du mois (octobre 2018)

  Le mois passé a été riche en lectures, variées, comme à l'accoutumée, mais également bien spécifiques. Si certaines permettent de nous ouvrir à d'autres horizons, d'autres seront peut-être plus hermétiques, mais toutes ont été intéressantes à mes yeux, même si, parfois, cela fut laborieux.


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  La femme au Moyen Âge, Jean Verdon, coll. Histoire, Editions Gisserot, 2018

  Ouvrage globalement intéressant mais très fouillis. On ne peut blâmer outre mesure le chercheur car il nous prévient dès le début : le peu de documentation scientifique (et non seulement littéraire, car orientée) ne permet pas de trancher entre une présentation chronologique et thématique, les deux devant s'entremêler, ce qui créé forcément des redites, des allers-retours et freine quelque peu notre lecture pour être sûr de bien comprendre se dont il est question.
  Je pense ainsi qu'il s'agit plutôt d'un ouvrage à prendre comme point d'entrée dans la question des femmes au Moyen Âge et qu'il faut ensuite approfondir les thématiques, et je suis contente d'avoir commencer par celui-ci avant d'entamer ma lecture de celui que je vais vous présenter ensuite. Il faut juste s'accrocher un peu et ne pas se décourager car cette période est tout à fait intéressante.
★★★☆☆
  
  Sexualités au Moyen Âge, Jacques Rossiand, coll. Histoire, Editions Gisserot, 2018

  Deuxième ouvrage rapporté de ma visite du Musée de Cluny et que j'ai adoré ! Outre sa valeur informative, le tout est bien présenté, facile à lire et à comprendre et relativement complet. Il nous rappelle à quel point le Moyen Âge s'est étiré dans l'Histoire et donc a fait évoluer les pratiques et la vision de la sexualité, tour à tour valorisée puis réprimée, notamment par certains courants religieux, certaines personnes influentes, rappelant que toutes les couches de la société n'étaient pas non plus égales à ce niveau.
  De plus, le fait de parler de sexualités, au pluriel, est très juste, ce que nous devrions toujours faire car, "la sexualité", ça n'existe pas. La sexualité de qui ? Des Hommes ? D'accord, mais duquel en particulier ? Nous parlons de sexualités cisgenres, hétérosexuelles, homosexuelles...? Voyez, tout peut changer en fonction du prisme, sans compter les sexualités consentantes, forcées, tarifées...
  Vous l'aurez ainsi compris : j'ai trouvé ce petit livre très intéressant et je vous le conseille, même si vous ne vous intéressez pas à cette période, puisqu'il permet également de comprendre des aspects de notre société contemporaine.
★★★★★

  Les Secrets des Grandes Gueules, Michel Taubmann, Olivier Truchot, Alain Marchal, coll. Essais et documents, Editions de L'Archipel, 2018

  Un genre de livre qui ne plaira qu'aux personnes s'intéressants aux sujets présentés. En l'espèce, il s'agit là de l'émission les Grandes Gueules, diffusées sur RMC et, depuis peu, sur la chaîne 23 (nouvellement RMC Story), que j'écoute depuis quasiment ses débuts, il y a presque quinze ans ! De fait, si je puis dire, j'ai eu la curiosité d'en apprendre un peu plus sur les anciens intervenants, mais également ceux qui sont toujours présents.
  La particularité de l'émission ? Traiter des sujets d'actualités à faisant intervenir des personnes de la vie civile et non seulement des technocrates ou des spécialistes adoubés par l'ensemble de la classe médiatique. Loin d'être une émission populiste — même si, il y a quelques années, j'ai pu ressentir cela, par des intervenants pas toujours subtils (d'ailleurs, ils ne sont plus présents aujourd'hui) —, elle brasse des points de vue différents et c'est ça qui est intéressant, décloisonnant notre vision sur certains sujets (point de binarité gauche/droite, comme quelques Grandes Gueules le disent également au fil des pages).
  Une lecture un peu à part, donc, qui ne conviendra sûrement pas à qui ne connait pas un minimum l'émission ou certains intervenants.
★★★★☆

  Femme absolument, Adeline Fleury, coll. Psychologie : poche-psychologie, Editions Marabout, 2018

  J'ai déjà pu en faire un retour sur mon compte Instagram féministe, mais je ne pensais pas terminer cet ouvrage si rapidement et autant l'apprécier.
  Son auteur, à travers son parcours de vie (côté relation à l'Autre et, plus particulièrement, aux hommes, dans tout ce que ça englobe), nous livre sa vision d'un féminisme non-sectaire, vision que j'ai tendance à partager, même si je n'ai pas été d'accord sur tout et aurait été moins laxiste sur certains points (que je vous laisse découvrir). Ainsi, si, personnellement, je me considère comme féministe, d'autres me diront peut-être que je ne le suis pas tant, aimant me maquiller pour plaire (pour me plaire, à moi, seule), m'épilant lorsque je suis en couple, aimant la lingerie et en mettre plein la vue pour mes amants et n'étant absolument pas gênée de prendre des photos dans ces tenues, même pour le public en général; tout ceci ne m'empêche pas de revendiquer ces droits et ces libertés face à des personnes voulant me les enlever ou justifiant les pires crimes ou le fait que les femmes se fassent harceler, faisant prétendument tout cela pour attirer les prédateurs.
  De plus, je pense qu'il est intéressant à tous, pour se rendre compte à quel point on peut évoluer au fil de la vie et pour se surprendre à avoir vécu les mêmes choses avec des résultats similaires ou complètements différents.
  Je conclurai en citant ce passage : "Il n'y a pas un mode d'emploi du féminisme, mais une pluralité d'identités féministes. Et de la pluralité naissent de grandes avancées."
★★★★☆

  Le Prince, Machiavel, coll. Librio, Editions J'ai Lu, 2018

  Parmi les classiques à lire dans ma vie, j'ai placé Le Prince au même titre que L'Art de la guerre; si j'ai déjà dévoré ce dernier il y a quelques années, ce n'était pas encore le cas pour ce petit guide pratique quant à la gouvernance d'un Etat.
  Ma lecture a été un peu plus laborieuse que pour Sun Tzu. Si Machiavel pose de suite le principe qu'il ne partira pas dans des élucubration stylistique pour son ouvrage, il s'étend tout de même dans ses explications dans des cas pratiques parfois un peu indigestes (soit que nous ne sommes plus familiers du contexte, soit que nous nous trouvons face à une redite), impression renforcé par ce manque de style, justement. Nous nous trouvons face à un mémo, une note, purement et simplement.
  Le contenu est globalement intéressant, notamment pour pouvoir faire des comparatifs avec notre époque contemporaine et nous rendre compte que rien ne bouge réellement.
★★★☆☆

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  Encore dans ma PAL :
  • Ne me libère pas, je m'en charge, collectif, présenté par Clémentine Autain, coll. Librio, Editions J'ai Lu, 2018
  • Utopia XXI, Aymeric Caron, Editions Points, 2018
  • L'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, Cervantes, coll. Folio Classique, Editions Gallimard, 2008
  • Sorcières, La Puissance invaincue des femmes, Mona Chollet, Editions Zones, 2018
  • L'Utopie, Thomas More, coll. Librio, Editions J'ai Lu, 2018
  • Le Royaume immobile, Le Paris des Merveilles, III, Pierre Pevel, coll. Folio SF, Editions Gallimard, 2017
  • Marie-Antoinette, Stefan Zweig, Editions Le Livre de Poche, 2018
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      Des livres plutôt orientés, comme vous avez pu le constater, néanmoins tout à fait différents alors j'espère que l'un d'eux pourra vous tenter ou vous intéresser, notamment afin d'ouvrir vos horizons.

    —xoxo

    19 novembre 2018

    #thisisnotconsent

      Après quelques jours, j'ai eu quelques retours sur un post publié sur mon compte Instagram féministe, et ils sont plutôt compréhensifs et bien perçus. Aussi, j'ai tenu à élargir sa visibilité en le publiant également ici.

      Je m'énerve tellement sur ce genre de sujets que c'est pour ça que je ne veux pas suivre l'actu féministe etc. C'est souvent en voyant des reposts, en étant taguée ou en suivant des projets-créations (avec, en tête Margot, Nayel, Tereza, Marie, Louise...) que je réagis et constate à quel point les choses avancent lentement. Maintenant, nous sommes de plus en plus nombreuses à nous révolter, mais il faut se le dire : le combat est pour les générations futures, nous, pour la notre et au-dessus, c'est mort.
      Parce qu'il n'y a pas qu'en Irlande qu'on pense que de porter un string est un consentement implicite à tout et n'importe quoi (Cf. cette affaire d'un homme acquitté dans une accusation pour viol, parce que la jeune fille, portait un string).
      Lors de ma déposition pour viol, on m'a demandé ce que je portais comme sous-vêtements. J'en ai été grandement choquée. Qu'est-ce que ça peut foutre ce que je portais ? Ce n'était pas visible et, quand bien même, des sous-vêtements n'appellent à rien si la personne elle-même ne donne aucun consentement ! Pire : j'ai été en panique lorsque l'agent de police a mal écouté ma réponse, lapsus révélateur, je pense, ayant noté que mon soutien-gorge était rembourré alors que non (moi-même ai parfaitement compris ce qu'il pouvait se jouer dans cette ignoble question, ayant apporté cette précision de mon propre chef). Et quoi ? je devrais m'excuser d'aimer la lingerie ? m'excuser de ne pas constamment porter mes culottes de règles ? m'excuser, lorsqu'on me contraint à me déshabiller, pour ce qu'il y a en dessous ?? Voyez à quel point c'est aberrant et ignoble.
      Nos sous-vêtements, nous les portons pour nous-mêmes. Pour nous sentir bien. Ils sont globalement cachés et, si on arrive à les voir par transparence, X ou Y raison, ce n'est en aucun cas un motif valable pour sauter sur la personne !! Bordel de merde ! Quand est-ce qu'on pourra vivre dans un monde qui tourne rond !?
      Donc, oui, il y a là des culottes, des tangas, des slips brésiliens, des shorties, des strings, des bodies, des brassières, des push-ups, des choses qui s'ouvrent par derrière, par devant ou se délassent, de la dentelle, de la paillette, du très cher et du vraiment pas cher bref, tout ce qui me plaît, et je ne vous demande que de nous lâcher, toutes; à nous de décider si vous en êtes dignes ou non !
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      Suite à ce texte, il m'a souvent été commenté le passage sur l'agent de police, ayant un comportement classique d'homme, je ne l'ai pas précisé volontairement, car un agent doit rester un agent, mais il s'agissait d'une femme. Ce que d'aucun considère encore plus aberrant. Ce qui ne m'a pas étonné.

      En espérant avoir apporté ma pierre à l'édifice.
      Tout ceci doit cesser.

    —xoxo