23 septembre 2018

Nouvelles fantastiques : coup de projecteur sur Nathan Bonvallet

  Au détour de ce mois de septembre, j'ai enfin eu la chance de pouvoir découvrir l'univers fantastique de mon ami Nathan, au travers de ses deux recueils de nouvelles (projet de longue date de ma pile à lire).
  Si, en effet, il s'agit là d'un ami, je compte tout de même vous livrer un retour objectif de ces voyages dans ces différents imaginaires.


  ✒Le Bal des oubliés — ★★★★

  Premier ouvrage de Bonvallet, il annonce de suite le ton en s'ouvrant sur une première nouvelle entre écriture et scénarisation, nous ouvrant les portes d'univers à découvrir, tirés de l'esprit d'un auteur amoureux des Arts, n'hésitant pas à toucher à tout et à brasser, à mêler, les genres.
  De fait, nous pouvons aisément y trouver notre bonheur, les histoires se déroulants sans pour autant se ressembler, véritablement à l'image d'un bal qui nous ferait danser, puis nous reposer, nous laissant parfois de côté avant de se lancer à nouveau à âme perdue dans une nouvelle danse... Hasard ? Coïncidence ?
  En tout cas, je vous laisse, dans l'ordre de présentation, mes trois préférences au sein de ce premier ouvrage.

  "Faible croix" : La nouvelle qui m'aura fait penser à mon auteur de nouvelles fantastiques favori dans son ambiance sur fond religieux. Ambiance particulière, rencontre entre la jeunesse et la vieillesse, le futur et le passé, le vivant et la Mort, le profane et le divin... bref, la liste pourrait être encore longue, mais l'échange proposé entre ces deux figures peut se poursuivre dans notre intime, à bien des égards.

  "Le Bal des oubliés" : Avec la suivante, sûrement la nouvelle la plus onirique, quelque part. J'ai trouvé qu'il s'agissait là de la plus émouvante et le rythme y est le plus décadent !

  "Dans mon café" : Nathan pensait qu'il s'agirait là de ma favorite et, en effet, il ne s'était pas trompé. J'ai tellement aimé cette dernière nouvelle que j'en aurais aimé tout un roman ! J'ai ressenti de la frustration, non parce qu'il manquait quelque chose à cette histoire (la plus aboutie, à mon sens), mais parce que je ne voulais plus quitter ces personnages et que j'aurais aimé connaître tout cet univers. Un tour de maître pour finir en beauté !

  ✒Echos de Tempêtes — ★★★★☆

  Nouvel essai côté fantastique avec ce deuxième recueil de nouvelles construit autour d'une thématique de renouveau... par le chaos. Thématique intéressante s'il en est, nous transportant dans des univers toujours plus divers, n'ayant pas peur de nous situer dans d'autres époques que la notre, mais toujours usant d'un fil conducteur, reprenant des formules d'une nouvelle à l'autre, les liants entre elles sans pour autant qu'elles ne se ressemblent.

  "Miss Catastrophe" : Encore une fois, Nathan a fait mouche en se disant que j'allais apprécier cette histoire. J'ai tout bonnement adoré ! Tout sent l'artificiel entre des personnages plus doux que le miel, m'ayant agacé au fil de ma lecture mais la fin...! Cette fin ! Tout s'explique et je me suis exclamée à haute voix : "Mais noooooon !!?" Dois-je développer davantage ? Vous irez la lire par vous-même !

  "Le Cercle" : Une excellente proposition qui m'aura touché, quelque part avec son ambiance, sa protagoniste, les dilemmes posés... J'ai peur de vous en dire trop. Je pense qu'il est facile de s'y identifier et qu'elle trouvera écho aisément en vous (de même "L'espace pour respirer" que j'ai également beaucoup aimé).

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  De ces recueils, mon favori est le premier, plus nostalgique et romantique, à mon sens. Mon pilier du genre étant Théophile Gautier, j'y ai trouvé plus de similitudes dans les univers proposés. Quoi qu'il en soit, les deux ouvrages nous présentent des univers divers, de même les personnages, le tout décrit d'une façon très cinématographique, presque clinique en ce sens que les informations essentielles sont données, très peu de fioritures sont couchées sur papier, notamment concernant les personnages, ce qui ne m'aura absolument pas dérangé, nous laissant toute la place possible pour pouvoir nous y identifier et vivre pleinement les histoires proposées. (En fait, j'aurais seulement été freinée dans ma lecture par les froides descriptions des lieux, plutôt habituée à l'inverse, mais ce choix se comprend et l'action fantastique accélérant la cadence, nous n'y pensons pas longtemps.)

  Aussi, là où le premier peut se dévorer d'une traite, je pense que le deuxième doit plutôt se savourer, au jour le jour, histoire de ne pas nous laisser un goût de redondance, le fil conducteur pouvant nous piéger dans cet état un peu groggy. A mon sens, ce dernier s'intellectualise davantage que son grand frère sur davantage de nouvelles (offrant une nouvelle dimension introspective à notre lecture).

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  Privilège de l'amitié, j'en ai profité pour demander quelques mots à l'auteur afin de vous présenter sa propre vision sur son travail, passé mais aussi à venir.

  Tout d'abord, pourquoi avoir fait le choix du registre fantastique, quelque peu tombé en désuétude ? de même que la forme de nouvelles ?

  Le registre fantastique s'est imposé à moi, sans même que je veuille nécessairement y recourir. Je crois qu'il correspond bien à ma vision du monde : un univers si vaste et pourtant si peu exploité. Sans forcément croire à des faits paranormaux, j'ai l'intime conviction que nous ne percevons qu'une infime partie de notre univers alors que nous croyons tout maîtriser. C'est d'autant plus vrai lorsque l'on constate que notre société ne cesse de répéter les mêmes erreurs au lieu de chercher à s'abreuver des infinies possibilités de l'indicible. Mais surtout, le fantastique me permet de jouer avec mes personnages en les plongeant dans des situations inconfortables (et Dieu sait qu'ils sont torturés !). Le fantastique réenchante le monde, en quelque sorte.
  Quant au format "nouvelles", il me colle à la peau ! D'ailleurs, on m'affirme souvent que c'est un genre frustrant mais c'est là tout son intérêt ! Dans la vie, on rencontre des gens à un instant T mais l'on ne sait pas toujours ce qu'ils deviennent ou nous ne savons pas toujours ce qu'ils étaient auparavant. Il en va de même pour les nouvelles. Elles offrent aux lecteurs un instant T dans une longue existence dont nous ne saurons pas grand chose. Et puis la caractérisation sommaire des personnages permet évidemment une pleine identification lors de la lecture.

  La suite se poursuivra-t-elle sur la même lancée ?

  La suite sera assurément fantastique ! Je viens de clore l'écriture de mon premier roman – qui traîne depuis plus de quatre ans dans mes tiroirs – sorte d'auto-fiction libératrice. Plus adepte des formes courtes, j'ai eu beaucoup de mal à en venir à bout mais c'est désormais chose faite et j'espère pouvoir le publier début 2019.
  Mais une chose est sûre, j'ai déjà hâte de me remettre à l'écriture d'un recueil de nouvelles.

  L'écriture est-elle influencée par des auteurs en particulier, ou du moins, est-elle nourrit par une littérature en particulier ?

  Pour cette question, je serai moins catégorique. Si j'ai des influences, elles sont inconscientes. En bon professeur de lettres que je suis, j'ai évidemment des modèles plein la tête mais à aucun moment je ne désire rendre hommage à un auteur ou un autre. Dire que je ne suis pas inspiré par Poe, Gogol ou Stephen King serait mensonger mais je crois que je puise plutôt mon imagination dans les films. J'ai parfois l'impression d'être influencé par la folie de Tim Burton – d'ailleurs auteur de magnifiques univers poétiques – qui aurait rencontré l'esprit contemplatif de Terrence Malick (sans que je n'arrive à la cheville d'aucun d'eux !).

  Du cinéma à la musique il n'y a qu'un pas, et c'est cette dernière qui guide au mieux mes écrits. Par exemple, "Le Bal des oubliés" a hérité son titre d'un brillant morceau du duo français d'électro-pop Paradis. Un chef d'oeuvre ! Tout comme "Saint Jude" doit beaucoup à l'imaginaire de Florence and the Machine...
  De nombreuses références, en somme !

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  En espérant vous avoir donné envie de découvrir l'univers de Nathan, bientôt augmenté d'un projet qu'il me tarde de voir achevé; d'autant si vous n'êtes pas familiers avec le fantastique, vous n'en sortirez que plus intrigués.
  Le fantastique vaut la peine d'aller à sa rencontre, registre laissant toute sa place à l'imagination, pile ce qu'il nous faut dans une époque contemporaine bien trop formatée.

—xoxo

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