22 octobre 2019

Female readathon — Antastesia

  Il y a quelques temps, en regardant ma bibliothèque, je me demandais pourquoi j'avais lu si peu d'autrices en ce qui concerne les œuvres de fiction... Si j'ai pas mal lu d'essais, d'études, d'enquêtes écrits par des femmes, la réciproque fictionnelle n'est pas la même ; à l'exception des romances (majoritairement comiques), étrangement. Aussi, je souhaitais y remédier, ayant commencé à lire les productions de Madame de La Fayette.

  Lors de mes réflexions, le projet #jelalis était sur les rails et me semblait intéressant... mais risqué. Dans le sens où il me fallait choisir une autrice, un peu au hasard et creuser en son sens. Avais-je réellement envie de prendre du temps pour une autrice en particulier, au risque de ne pas apprécier sa prose ? Non.
  Et là : miracle. Antastesia a proposé un readathon en cinq points qui me semblait plus adapté à mon approche littéraire (je préfère découvrir un univers, plutôt que de devoir lire à peu près tout d'inconnus, un peu trop contraignant). Ce readathon est à présent terminé (je vous mets également en lien son bilan), il courrait sur le mois de juillet et je vais vous présenter mes choix.

  1. Lire une poétesse — Dis-le à tes enfants, Solal Valentin — Pourquoi ce choix ? Ayant pu faire deux voyages dans les Caraïbes et étant tombée amoureuse des lieux, cela faisait déjà un moment que je souhaitais me plonger dans la production littéraire antillaise (même si, pour le coup, Solal Valentin a grandit en région parisienne, cela représentait une porte d'entrée). Ainsi, ce choix s'est imposé à moi, je trouvais ça intéressant de commencer par de la poésie et non par les évidences des auteurs de la négritude (que je lirai bien évidemment par la suite).
  2. Lire une femme en littérature étrangère (si possible d'un autre continent que le notre) — On s'y fera, Zoyâ Pirzâd — Pourquoi ce choix ? Choix purement guidé par le hasard, au fil des lectures de résumés. Une chose était certaine : je souhaitais une lecture arabe ou perse après avoir d'abord pensé à une lecture coréenne ou japonaise, choix m'ayant semblé un peu évident pour ma génération plutôt tournée vers ces pays.
  3. Lire une non-fiction écrite par une femme — Les Enfants d'Athéna, Idées athéniennes sur la citoyenneté et la division des sexes, Nicole Loraux — Pourquoi ce choix ? Dans ma pile à lire depuis un certain temps, j'ai repriorisé cette lecture. Je l'avais sélectionné pour mes vacances prévues en Grèce mais qui ne se réaliseront finalement pas (nouveau travail, tout ça tout ça). Comme précédemment énoncé : j'ai déjà pu lire beaucoup de non-fictions écrites par des femmes, donc ça ne me posait aucun soucis.
  4. Lire un livre écrit par une femme queer — Radio Silence, Alice Oseman — Pourquoi ce choix ? Par contre, ici, gros soucis ! J'ai passé plus de deux heures à écumer Internet pour trouver des autrices queer qui raconteraient quelque chose qui me parle... Je cherchais ainsi une autrice traitant d'asexualité (non pas que je le sois, mais je me reconnais en bien des points de ce "Spectre A" ; j'aurais appris plein de vocables durant cette recherche !) mais devant elle-même être queer... Et là, l'horreur : dès que je trouvais un livre me semblant intéressant, j'en venais systématiquement à rechercher sur Wikipédia, dans des interviews etc. si son autrice était queer, en tapant des mots clés tels que "couple", "relationship" et j'en passe. Je n'ai pas du tout apprécié faire ça. Du coup, j'ai jeté mon dévolu sur Alice Oseman, queer ou non mais ayant une production littéraire traitant de questions queer, ses personnages n'étant pas tous hétéroformatés et stéréotypés à la manière de ce qu'on attendrait dans une société à dominante hétérosexuelle cisgenre... Pourquoi le lire en anglais, sa langue d'écriture ? Eh bien pourquoi pas ? Je suis quasi bilingue, autant que ça serve ! (Et ça me coûtait moins cher, ne nous le cachons pas !) Chéri, Colette — Aussi, j'ai ajouté cette lecture pour être certaine d'être dans le thème. Cela faisait longtemps que je souhaitais découvrir Colette, j'ai donc sauté sur l'occasion en choisissant cette œuvre qui avait particulièrement plu à Antastesia.
  5. Lire un livre d'une femme racisée — Le Tremblement précédé de Lundi de la semaine dernière, Chimamanda Ngozi Adichie — Pourquoi ce choix ? Comme énormément de personne, j'ai abordé Chimamanda Ngozi Adichie avec son Nous sommes toutes des féministes (dont j'ai déjà pu parler) et j'avais apprécié ce qu'elle proposait. Ayant déjà fait des choix racisés avec mes deux premières autrices, je me suis autorisée à choisir deux petites nouvelles afin d'être certaine de boucler ce challenge en temps et en heure, ma non-fiction étant également un peu mastoc.
  Maintenant que les explications sont posées, passons à mon avis sur ces lectures plutôt diverses.


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  Comme dans tout recueil, certains poèmes sont plus parlants que d'autres en fonction des personnes et des problématiques qu'elles vivent. Personnellement, j'ai été le plus retournée sur ceux autour des femmes et des questions de viol, évidemment. Ils m'ont littéralement bouleversé et j'ai passé de nombreuses minutes à les étudier dans le détail. Toutefois, j'ai également été très sensible à d'autres poèmes autour de la mort, de la descendance et de la mémoire. On ne peut pas rester insensible face à ce travail.
  Les seuls poèmes qui m'ont laissé un peu froide, ce sont ceux incluant la religion chrétienne, mais cela m'est propre. Je comprends tout à fait que cette thématique soit au cœur de ce recueil, puisqu'elle est au cœur des sociétés caribéennes.


  J'ai été plutôt mitigée sur cette lecture. Je pense ne pas être suffisamment au fait de l'Histoire de cette partie du monde pour absolument tout comprendre, alors je ne m'attarderai pas sur certains sujets, mais cette protagoniste... mon Dieu ! Elle était légèrement insupportable, contrairement à sa meilleure amie. Le fait est qu'elle se veut libérée de l'emprise des hommes sur sa vie, mais elle reste esclave de sa mère et de sa fille qui ont presque tout droit sur sa vie privée... Il y a comme une incohérence, qui persiste jusqu'à la fin de l'histoire dont je ne suis pas certaine d'avoir saisi la morale... Peut-être devrais-je lire un roman plus récent de l'autrice, dont le style fut plutôt plaisant, au demeurant, l'humour étant présent parmi de bons portraits dressés et de dénonciations légitimes.


  Une lecture très très exigeante. Si vous ne faites qu'apprécier la Grèce Antique en pur amateur, je ne pense pas vous recommander ce livre malgré son grand intérêt. Je ne pensais pas lire des travaux universitaires, à dire vrai et heureusement que j'ai pu étudier les cités grecques il y a quelques années autrement, j'aurais été encore plus perdue dans ma progression ! Le plus gros problème : certains écrits en grec ne sont pas traduits (de même quelques phrases en allemands) donc on s'adresse bien à un public connaisseur.
  Au final : je le recommande (à mon humble niveau) à tous ceux qui ont déjà un bon pied dans les sociétés grecques antiques et ont étudié leur fonctionnement. Aux féministes qui s'intéressent à ces questions (la création de la femme au niveau politique), armez-vous de patience et progressez tranquillement sur cette lecture qui doit être complétée avec des travaux plus accessibles, ainsi qu'appréhendée avec des textes antiques en amont (Hésiode en tête, revenant fréquemment).

  Pour ceux qui chercheraient à progresser en anglais, j'ai trouvé cette lecture facile donc vous pouvez vous y plonger les yeux... ouverts ! Aussi, ce roman se lit plutôt rapidement, l'histoire étant prenante, mystérieuse et soulevant des problématiques que nous avons tous plus ou moins traversé : la solitude, le manque de considération, le besoin d'attention, la perte de repères, le besoin d'émancipation, les prises de risques, la peur de l'avenir, la sexualité... bref, il y a de quoi faire !
  Les personnages sont attachants, crédibles, absolument pas caricaturaux, ce qui pourrait être une crainte lorsque certains sont présentés autrement que cisgenres hétérosexuels.
  Touchant et ouvert, je vous enjoins à découvrir cette histoire, et je pense me pencher sur d'autres ouvrages de cette autrice tout à fait positive.

  Chéri, Colette, Editions J'ai Lu, 2004

  Mon Dieu ! Ce protagoniste ! Mais. Quel. Chieur ! J'ai absolument détesté tous les passages de ce sale gosse trop gâté par la vie et qui ne fait que geindre. Ma lecture ne fut donc pas plaisante, malgré la joliesse de la plume et les autres personnages bien plus sympathiques ou drôles. Je n'ai pas compris comment ou pourquoi notre héroïne s'intéressait à ce grand gamin alors même que de très beaux passages lui sont dédiés... Globalement, si Chéri n'avait pas été Chéri, j'aurais adoré, tout ce qu'il y a autour de lui étant délicieux de sentiments, d'humour, de mordant. Dommage.


  Je n'ai pas particulièrement été sensible au Tremblement qui soulève des questions religieuse (comment la religion peut transcender tout un chacun, mais surtout les questions de quête spirituelle, d'avoir un guide dans sa vie). Lundi de la semaine dernière m'a beaucoup plus intéressé, soulevant les questions d'immigration, de race, d'éducation et de sexualité, le tout dans une écriture agréable, n'amenant rien d'alarmiste. Malgré le format (de la nouvelle), on arrive à cerner les personnages et avoir une bonne idée de leur personnalité, rendant leurs actions et leurs rapports compréhensibles et logiques, alors que certains d'entre eux n'auraient pas semblé évident, de prime abord. Pour moi, il y aurait presque de quoi écrire un roman à partir de cette nouvelle, autour de la mère artiste, cet Être mystérieux, presque éthéré.

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    Encore dans ma PAL :
  • La Saga des quatre éléments, Tome 2 Sanctuaires, Clélie Avit, Editions Le Livre de Poche, 2017
  • L'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, Cervantes, coll. Folio Classique, Editions Gallimard, 2008
  • La Disparition de Stephanie Mailer, Joël Dicker, coll. Poche, Editions de Fallois Paris, 2018
  • Beautiful People, Saint Laurent, Lagerfeld : splendeurs et misères de la mode, Alicia Drake, coll. Folio, Editions Gallimard, 2010
  • Che, Ernesto Guevara, une légende du siècle, Pierre Kalfon, Editions du Seuil, 2007
  • Black Man, Richard Morgan, coll. Science-Fiction, Editions Bragelonne, 2018
  • La Ballade de l'impossible, Haruki Murakami, Editions 10/18, 2009
  • Les Lames du Cardinal, Intégrale, Pierre Pevel, coll. Editions "Bragelonne 10 ans", Editions Bragelonne, 2019
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        Je ne pense pas que ce retard dans ma publication en soit vraiment un dans la mesure où il n'y a pas de meilleur moment pour lire des autrices. Il faudrait que ça devienne plus fluide au fil de l'année et que nous partagions davantage nos lectures afin de créer une bonne base, que nous constituions une bonne liste de plumes à découvrir ou redécouvrir.

      —xoxo

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