10 mars 2016

"Certifié conforme", Stéphane Guillon

  Pour la Saint-Valentin — et comme à toutes les Saint-Valentin depuis l'âge de 15 ans —, je me fais un petit cadeau, de moi à moi. Cette année, j'ai décidé de m'offrir deux places pour le dernier spectacle de Stéphane Guillon, humoriste que j'adore tant, tout grinçant, cynique et sarcastique qu'il est. Pourquoi deux places ? Parce que je suis une fille cool et que j'ai donc accessoirement embrigadé mon petit-ami dans l'histoire... et dans le carré or s'il vous plaît, je ne me suis pas foutu de nos gueules !


  ✒︎Un petit imprévu

  Dès le début du spectacle, Guillon a dû faire face à une spectatrice un peu particulière... Pour sa première saynète, il n'est pas son propre personnage, il en joue un autre qui doit le convaincre d'aller sur scène, de dépasser la honte qu'il a d'avoir exulté, lors de sa dernière représentation, à la victoire de François Hollande face à Nicolas Sarkozy. Le voilà donc qui s'adresse dans le vide, qui parle indirectement du public "majoritairement de gauche" etc. Cette femme s'est donc sentie pousser des ailes (enfin, elle était surtout poussée par la boisson) et s'est mise à réagir à chacune des phrases, à répondre aux questions et autres joyeusetés. Il a donc fait allumer la salle et, par quelques pirouettes, l'a fait sortir du théâtre avec élégance :

  "-Descendez !
  -Oh ! J'en étais sûre ! En plus, c'est mon anniversaire !
  -Venez nous faire rire sur scène ! Moi, je m'assois dans la salle."

  Au moment où la sécurité arrive
  "Va lui offrir un verre au bistrot du coin !"

  Enfin, un petit imprévu qui fut tout de même divertissant, ayant également été repris à la fin pour nous faire rire de plus belle.

  ✒︎De la politique, certes, mais pas que

  Bien entendu, il est ici question de politique (le regret de la victoire de la gauche, ayant eu pour conséquence de perdre ce puits sans fond d'humour qu'est Sarkozy — "J'ai cassé mon jouet", dit-il —, la prise de pouvoir de Marion Maréchal-Le Pen alors même que Sarkozy — encore lui — fête son jubilé en maison de retraite etc.), mais sont également présentes d'autres thématiques.

  La religion y est évoquée, par le truchement que l'humoriste ne veut justement pas l'évoquée afin d'éviter tout problème. On passe donc rapidement sur la vie de quelques prophètes, sur le peu de neurones que Daesh doit partager entre tous ses partisans, expliquant beaucoup de choses, sur le fait que Stéphane Guillon peut se permettre de plaisanter sur les Juifs puisque ses "beaux-enfants le sont", que nous pouvons tous plaisanter sur les Chrétiens car ils ne disent rien pour finir sur la plus attrayantes des religions : le bouddhisme (pour des raisons... X ou Y).

  Le mariage pour tous et la question du genre sont évidemment des nouveautés que nous pouvions nous attendre à retrouver ici et, bien que courts (enfin, de ce que j'en ai trouvé), ces deux scènes sont pertinentes, bien construites et c'est à se demander comment nous ne pouvons pas être d'accord avec ce qui est (d)énoncé !

  Figure également une petite saynète entre un père et sa fille, reflet d'une jeunesse hypra-connectée et cruelle sans même s'en rendre compte, avec une chute qui s'annonce émouvante, pour en fait repartir dans quelque chose de plus féroce. Une petite coupure, sûrement pour faire émerger des prises de conscience; directes ou indirectes.

  Ce qui referme réellement le côté "sketchs", concerne la fin de vie — tant de joyeuseté qu'il nous a bien souligné en conclusion pour éviter de nous déprimer davantage ! — avec le cas Vincent Lambert et ses parents lui rendant visite à l'hôpital. Une visite ponctuée de haussements de ton et de représentations cruelles ("J'ai l'impression qu'on retrouve notre bébé..."). Une autre prise de conscience qui va sûrement rester dans certaines têtes.

  Toutefois, le spectacle ne se termine pas ici. Nous avons le droit à une petite revue de l'actualité et donc à des choses plus politiques. Comme toujours, Guillon excelle dans cet art, inutile de vous prouvez à quel point. — Et, pour ceux qui le critique de trop taper sur la droite, ne vous en faites pas ! la gauche étant au pouvoir, elle en a pris pour son grade, notamment avec le remaniement ministériel du 11 février dernier.

  En rappel, nous avons eu la présence de Fabrice Luchini et Guy Bedos (entre autres) qui parlèrent soit du travail, soit de la personne de Stéphane Guillon, soit des deux. Inutile de vous dire que ceci est une petite séquence imitation particulièrement drôle.

  ✒︎Un final émouvant

  Avant de partir, nous avons pu voir l'artiste réellement ému, que ce fut avant son rappel et même après. La soirée semblait lui être un peu plus spéciale, Laurent Ruquier ayant été présent dans la salle, ce qui lui a valu des remerciements particuliers, ce qui m'a d'autant plus touchée, ayant trouvé cela attentionné.
  Nous pouvons en dire ce que nous voulons, mais cet homme n'est foncièrement pas méchant. Il est vif, piquant, doué... jamais méchant.

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  Vous l'aurez donc compris : j'ai tout simplement adoré. N'hésitez plus à foncer le voir sur scène, ça vaut le coup et, même si vous ne le connaissez pas, vous risquez de faire une bonne découverte, en atteste mon petit-ami qui a beaucoup aimé, alors qu'il n'avait vu aucun de ses spectacles et ne le connaissait que vaguement, sans vraiment l'avoir vu sur Canal+ dans Salut les Terriens !.

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✒︎Certifié conforme, jusqu'au 30 avril 2016 au Théâtre Déjazet (Paris)
✒︎Tarifs

★★★★★
—xoxo

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