31 mai 2014

"Tatoueurs, tatoués"

  Ca faisait longtemps que je n'avais pas eu envie d'assister à une exposition en particulier mais celle-ci, j'étais bien obligée de la faire avant mon départ pour la Floride. Il s'agit d'une exposition consacrée à l'art du tatouage et à ses signifiants à travers les sociétés et les époques qui a débuté le 6 mai dernier et à laquelle vous aurez tout le temps du monde de vous rendre puisqu'elle perdurera jusqu'au 18 octobre 2015 ! C'est dire si les administrateurs misent sur son succès.


  Etant moi-même tatouée — et ayant déjà consacré un article sur le sujet —, il est certain que je m'intéresse à cette thématique et plus sur le plan du sens que de l'esthétique pure d'ailleurs. Aussi, appréciant le travail du musée du quai Branly (où se déroule cette exposition) cela m'a poussé à m'y rendre rapidement au lieu d'attendre mon retour à l'automne.

  ✒A quoi s'attendre

  Comme je l'ai déjà évoqué, l'exposition ne se concentre bien évidemment pas seulement sur l'aspect esthétique du tatouage car il s'agit tout de même d'un musée anthropologique et pas simplement d'art. Ainsi, l'on nous promet un retour aux origines du tatouage dans divers cultures, jusqu'à nos jours. Toutefois, si vous ne vous intéressez qu'à l'aspect artistique, aucune barrière ne vous sera posée, l'exposition ayant fait appel au célébrissime tatoueur Tin-Tin en tant que "conseiller artistique", vous aurez donc des pièces de qualité à admirer.

Catalogue modèles thaïlandais — "Peau neuve : la renaissance du tatouage traditionnel"

  Mais je crois qu'il me faut citer une partie de la plaquette de l'événement (vous retrouverez le lien en fin d'article), tout y est dit :
Le champ universitaire s'est déjà penché sur les valeurs ethnologiques ou anthropologiques du tatouage, avant d'en explorer le terreau sociologique et les significations psychologiques. Depuis peu, les universitaires étudient la popularisation de la pratique en milieu urbain, qui établit le corps comme un lieu d’affirmation de soi. Mais le champ artistique et celui de l'histoire contemporaine restent encore à investir. Ce sont tous ces domaines que l’exposition explore, en offrant un nouvel éclairage sur le tatouage. Outre l’histoire du tatouage et son ancrage anthropologique fort, elle souligne également le geste de l'artiste, les échanges entre tatoueurs du monde entier et l’émergence de styles syncrétiques.
  ✒Parcours de la mezzanine

  L'exposition a été conçue pour être découpée en cinq parties que voici : "Du global au marginal", "Un art en mouvement", "Peau neuve : la renaissance du tatouage traditionnel", "Nouveaux territoires du monde" et "Nouveaux encrages".

Carte des peuples tatoués (Antiquité et Epoque moderne — XIIIème siècle) — "Du global au marginal"

  • Du global au marginal. L'une des parties les plus intéressantes car elle présente, outre les territoires "exotiques" comme on disait à l'époque, un aspect de notre société occidentale pas forcément présent dans nos esprits avec des photos de militaires ou de prisonniers tatoués, abordant ce côté "marginal" (face au global des sociétés dites traditionnelles), allant jusqu'au déportés de la Deuxième guerre mondiale, des goulags, des prostituées arméniennes pour finir au monde du cirque. A noter le fin de cette partie marquée par un Wall of fame du tatouage retraçant son histoire sous trois axes : les tatoueurs, les tatoués et les faits marquants de son Histoire.
  • Un art en mouvement. Cette partie s'attache à l'historique japonais, nord-américain et européen avec les diverses répressions, les évolutions techniques et les symboliques.
  • Peau neuve : la renaissance du tatouage traditionnel. Partant d'une signification magique ou tribale, on suit l'évolution de ce type de tatouage en Asie du sud-est et en Océanie (Bornéo, Indonésie Philippines, Thaïlande, Nouvelle-Zélande, Samoa et Polynésie).
  • Nouveaux territoires du monde. Ici, il est question de s'intéresser à l'école chinoise et à l'école latino (chicano) qui regagnent du terrain et ne cessent de se développer.
  • Nouveaux encrages. La partie la plus courte mais qui m'a sans doute le plus impressionné avec les toutes dernières pièces quelle présente par les techniques utilisées, donnant une véritable impression de dessins au feutre.
Modèle peint de tatouage — "Un art en mouvement"

  ✒Verdict

  Comme esquissé dans l'introduction, cette exposition rencontre un succès certain et accueil donc beaucoup de monde; vous devrez sûrement faire la queue pendant cinq ou dix minutes, l'entrée s'effectuant au compte goutte mais pour patienter, on vous donne un petit fascicule à propos de l'exposition et renfermant une interview des commissaires Anne & Julien.

Affiches — "Du global au marginal"

  De fait, on rencontre souvent des embouteillages au cours de la visite, notamment dans des endroits exiguës (box triangulaires, étroits passages entre un mur de texte et un autre d'objet etc.), ce qui peut être fatigant à la longue puisque ça aurait pu être pensé autrement, surtout dans la première partie qui devient ainsi plutôt brouillon.

Prélèvement de peau — "Du global au marginal"

  Nonobstant cela, on retrouve effectivement des pièces intéressantes et variées comme vous aurez pu le voir ci-dessus, avec des prélèvements de peau, des momifications, des photographies, des livres  et catalogues d'époques, des photographies, affiches et estampes, des costumes, des projets de tatouages, des travaux sur silicones, des instruments et même des vidéos... bref, il y en a pour tous les goûts et on évite ainsi la monotonie.

Projet de tatouage — "Un art en mouvement"

  A noter tout de même que si vous êtes passionnés par le tatouage et ses diverses formes, vous n'apprendrez (peut-être) pas grand chose mais il peut être intéressant d'emmener vos amis ou votre famille découvrir cet art présenté de façon très abordable, j'y ai vu tous les publics qui semblaient vraiment intéressés (à rappeler que l'exposition en elle-même est gratuite puisque jumelée avec l'exposition permanente donc la mezzanine est un bonus découverte) : des retraités plus ou moins âgés, des familles avec jeunes enfants, des personnes tatouées ou non... donc n'hésitez pas.

Réalisation sur silicone — "Nouveaux encrages"

  Ainsi, malgré les quelques difficultés à se mouvoir aisément pour pleinement apprécier l'exposition, elle reste tout de même à faire, ne serait-ce pour la beauté et la diversité des objets présentés. Si vous n'êtes pas pressés, attendez donc quelques mois que le nombre de visiteurs décroisse un peu.

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Tatoueurs, tatoués jusqu'au 18 octobre 2015 au musée du quai Branly (Paris).
✒Tarifs : plein = 9€; titulaire carte famille nombreuse = 7€ (voir conditions pour la gratuité). 

★★★☆☆

— xoxo

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