9 juillet 2018

De la révolte à l'épanouissement — Mes lectures du mois (d'avril à juin 2018)

  Oui, ça commence à faire un petit temps que je n'ai pas partagé mes lectures, et elles ont été assez diverses ces trois derniers mois.
  En avril, j'ai rapidement lu deux petits ouvrages pour amorcer mes recherches quant à mon projet de livre témoignage-enquête, ce qui m'a suffisamment révolté pour m'empêcher de lire autre chose avant le mois suivant, malgré une Pile à Lire conséquente.
  Mai fut plus léger avec un seul gros roman que j'ai pris le temps de savourer.
  Quant à juin, ce fut le mois qui déclenchait mes vacances et donc, des lectures un peu plus particulières.


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  La culture du viol
, Marlène Schiappa, Préface de Raphaël Enthoven, 
coll. Mikros essais, Editions de l'Aube, 2018

  Je peux tout à fait vous recommander cet essai qui est d'une clarté et d'une nécessité folles. D'autant si vous avez été victime de crimes sexuelles, il vous reboostera bien plus qu'un livre d'acceptation de soi, de la douleur ou que sais-je, je pense.
  Le titre se suffit à lui-même, je ne pourrai vous en faire un meilleur résumé. Si vous êtes déjà sensibilisés à la cause, il nous vous apprendra rien de nouveau, mais pour une entrée en matière ou pour ouvrir les yeux de personnes qui ne veulent rien voir, il est tout à fait adapté.
★★★★★

  Un beau jour... Combattre le viol, Clémentine Autain, coll. Ceux qui marchent contre le vent, Editions Indigène, 2011

  Je n'apprécie pas particulièrement Clémentine Autain et le discours de ses prises de positions alors ma lecture a été en demie-teinte. Si j'ai été d'accord sur les trois-quarts du manifeste (la présentation des faits), je trouve le diagnostique et la solution bien trop vagues... tout englober dans un besoin nécessaire de féminisme n'est pas suffisamment précis. En effet, des rapports égaux entre les hommes et les femmes seraient déterminants dans la lutte contre le viol, mais que faire contre tous les pervers narcissiques actuels ? La solution à long terme est là, mais devons-nous nous sacrifier au présent ? Peut-être.
★★★☆☆

  La vérité sur l'affaire Harry Quebert, Joël Dicker, Editions de Fallois, 2014

  Il s'agit là d'un auteur qui me font envie depuis pas mal d'années, mais je n'avais encore jamais pris le temps de me pencher dessus. Etant donné que c'était par rapport à la tournée promotionnelle de ce roman que j'ai pu découvrir la personne de Joël Dicker, il m'a semblé naturel de commencer par celui-ci.
  L'histoire est remarquablement orchestrée; dès que nous avons une idée du meurtrier de Nola, le doute nous tombe dessus et nous nous lançons dans une autre piste, jusqu'à nous demander si la jeune fille est réellement morte, alors que nous savons que c'est le cas. Quoiqu'il en soit, l'histoire suit tranquillement son cours sur les trois-quarts du roman, qui fait que nous nous demandons si nous allons avoir la réponse un jour puis, tout s'accélère ! et je n'ai pas été déçue par le, que dis-je ! les twists ! — Petite fierté personnelle d'avoir découvert une partie du mystère.
  Le seul point négatif tient en Harry, personnage intéressant dans ses habits de mentor de Marcus, mais insupportable en pleurnichard contemporain. Toutefois, peut importe. Le reste étant d'excellente facture, même si parfois un tantinet caricatural (notamment Gahalowood et son rôle de flic ronchon au grand cœur), je ne peux que vous recommander cette lecture qui nous fait réfléchir sur les représentations que nous nous faisons des autres.
★★★★☆

  Les abolitions de l'esclavage, Marcel Dorigny, coll. Que sais-je ?, Editions Presses universitaires de France, 2018

  En vacances, j'aime bien avoir un petit quelque chose d'intelligent à lire au milieu du reste qui me sert à déconnecter. Ainsi, profitant de ma destination (la Martinique), je me suis dit qu'il serait opportun d'en savoir davantage sur l'histoire des abolitions de l'esclavage, puisque nous n'en avons quasiment pas parlé au cours de ma scolarité — et je doute que, dix ans plus tard, nous en parlons bien plus.
  La collection des Que sais-je ? est excellente en la matière, parfaite pour mettre un bon pied dans un sujet avant de l'approfondir si le cœur nous en dit, nous donnant toutes les informations en condensé, sans pour autant bâcler le travail à coups de dates qui se juxtaposent, s'enchainent et nous ennuie.
  J'ai donc pu en apprendre beaucoup sur un pan de notre histoire outre-mer (puisque j'ai déjà été familière avec celle du commerce triangulaire et les retombés du commerce lié à la traite négrière pour la métropole), mais également sur d'autres pays pratiquants l'esclavage, principalement dans l'arc caribéen et en Amérique du sud.
  Je peux tout à fait vous le recommander, même s'il s'intéresse principalement à la France et aux  Antilles (avec des passages nécessaires en Angleterre) et, plus généralement, l'ensemble de cette collection.
★★★★★

  Il n'est jamais trop tard pour éclore, Carnet d'une late bloomer, Catherine Taret, Editions J'ai lu, 2018

  Pour être honnête, je ne suis pas friande de bouquins de développement personnel. Peut-être parce que j'estime me connaitre suffisamment et savoir quoi faire lorsque ça ne va pas. Toujours est-il que je suis tombée sur ce petit ouvrage qui m'a semblé sympathique pour passer les vacances, alors que je réfléchis à ma vie et au sens qu'elle prend, que je cherche à lui donner. Je ne suis pas (encore) dans la case de ces late bloomers, du haut de mes presque vingt-sept ans, mais je comprends tout à fait la problématique qui a alimenté ce livre : ne pas appartenir à une case et ne pouvoir se contenter d'essayer d'entrer dans l'une d'elles.
  En tout cas, je l'ai adoré. Il peut vous apprendre à relativiser; vous donner ce petit coup de boost dont vous auriez peut-être besoin; vous faire comprendre que l'acharnement n'est pas forcément le bon choix; vous prouver que le bon choix, c'est avant tout être vous-mêmes.
  Une longue quête qui résonnera en beaucoup et qui fait du bien au moral.
★★★★☆

  Silhouettes ou l'art de l'ombre, Emma Rutherford, Editions Citadelles & Mazenod, 2009

  Un ouvrage qui m'a été offert il y a un certain temps et qui, à l'époque, m'avait déjà beaucoup plu. Amateurs de belles images, vous allez être servis ! de plus, les explications et l'histoire autour de cet art sont tout à fait intéressantes. Aussi, si vous vous intéressez à la sociologie des siècles passés, je pense que vous pouvez tout à fait y trouver un intérêt, dans l'étude des divers types de familles usant de silhouettes pour figurer leur vie.
★★★★☆

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  Il est un cas à part. Celui de cet ouvrage : Les 120 journées de Sodome, Sade, Editions 10/18, 2014. Impossible pour moi d'aller plus loin que la centaine de pages. Si j'ai voulu lire du Sade, c'était surtout pour ne pas mourir idiote et avoir lu un peu de tous les "monuments" de notre littérature nationale... et je n'ai pas compris pourquoi le marquis s'est trouvé hissé à ce niveau.
  Si déjà certains actes ont pu me déranger dans le fond — attention ! il faut savoir contextualiser les choses : les libertins d'alors n'avaient strictement rien à voir avec le sens contemporain qui se veut "épicurien", en quelque sorte. Le malsain y est roi, le seul plaisir compte, quitte à passer par le meurtre, le viol, l'inceste etc. —, c'est également la forme qui pèche. Enfin, la forme, c'est un bien grand mot car il n'y en a aucune. Nous retrouvons en fait une liste de sévices, une liste d'actes pratiqués, tout est extrêmement mécanique et nous avons plus la sensation de phrases tournées pour choquer pour le plaisir de choquer plus qu'autre chose.
  Indigeste au possible, trop de personnages, un véritable bordel d'une lourdeur incroyable.
  Du coup, si vous, vous appréciez Sade, ça m'intéresserait vraiment de savoir pourquoi et s'il a écrit quelque chose de plus plaisant — ce qui m'étonnerait fortement.

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  Encore dans ma PAL :
  • L'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, Cervantes, coll. Folio Classique, Editions Gallimard, 2008
  • Si le verre est à moitié vide, ajoutez de la vodka, Marion Michau, Editions J'ai Lu, 2018
  • Nous sommes tous féministes, suivi des Marieuses, Chimamanda Ngozi Adichie, coll. Folio, Editions Gallimard, 2015
  • Beaux et damnés, F. Scott Fitzgerald, coll. Folio, Editions Gallimard, 2014
  • J'aime le sexe mais je préfère la pizza, Thomas Raphaël, Editions J'ai Lu, 2018
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  Un trimestre bien chargé, comme vous l'avez remarqué et qui annonce d'autres mois bien remplis, non seulement de lectures féministes ou autres études sur les agressions sexuelles, mais également de lectures plus légères sur ce type de développement personnel basé sur le témoignage, et non le conseil.
  De fait, si vous avez des lectures à me conseiller en ce sens, je suis preneuse !

—xoxo

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